Livre Les femmes cathares

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Les femmes cathares

Auteur : Anne Brenon
Éditions : Perrin, Collection Tempus, 2005

PrÉsentation

"Une société ne peut résister que si les femmes sont convaincues de le faire…" (préface tardive)

Si je devais retenir un seul mot pour définir cet ouvrage, ce serait "régal". En effet, le style dynamique et vivant qu’emploie Anne Brenon pour nous faire découvrir Les femmes cathares nous fait traverser les siècles pour nous plonger dans l’ambiance médiévale de ces personnes dont les sources inquisitoriales nous permettent de comprendre en partie la vie soumise à un véritable retournement de l’histoire. Mais l’auteur va encore plus loin, en partant à l’"aventure au coeur des paysages, aux sources du vécu, derrière l’opacité du temps". C’est sans aucun doute cette alchimie, propre à l’auteur, qui nous permet de plonger avec plaisir dans cette aventure temporelle, spatiale mais surtout humaine. Anne Brenon le précise elle-même : certains choix sont arbitraires quant aux noms et prénoms des personnages. Elle a pris la liberté de combler les trous des dépositions inquisitoriales, voire de résoudre certaines incohérences entre les différentes dépositions. Mais cette liberté, toujours mentionnée dans le fil du récit, est salutaire pour comprendre la Sainte Eglise1 et replacer les personnages, les événements et les lieux dans leur véritable contexte.

Anne Brenon, dans son génie littéraire, utilise une alternance de récits, d’analyses historiques et de réflexions ouvertes. Ce choix donne à la lecture de l’ouvrage un attrait particulier qui rend difficile le fait de fermer le livre avant de l’avoir terminé !

Ce qui m’aura le plus surpris, c’est l’apparente réduction du thème qui permet pourtant d’aborder la réalité du catharisme dans toutes ses dimensions. Les femmes cathares ne se résume pas à une approche féministe de la question, au contraire… Le travail d’Anne Brenon permet de comprendre l’homme médiéval, son univers de signes et sa religiosité concrète2. Pour le cathare, Dieu est ailleurs que dans ce bas monde. Cette vision permet d’éclairer le comportement de ces cathares occitans du moyen-âge, suivis par la population puis réduits à une fuite perpétuelle, pourchassés par les agents du roi et de l’Inquisition.
Mais alors pourquoi avoir choisi, par exemple, Arnaude de Lamothe ? Elle ne semble rien avoir d’extraordinaire ni de symbolique. "…on ne définit pas un mouvement historique par ses seuls héros et héroïnes". La réponse de l’auteur est applicable à tous les mouvements humains et son choix devient donc un élément fondateur de ce travail remarquable. De plus, Arnaude, par exemple, est la femme cathare du XIIIe siècle que l’on connaît le mieux. Nous disposons de plusieurs dépositions devant l’inquisiteur Ferrier et devant Bernard de Caux. Du Consolament au bûcher, ce livre nous permet de mesurer et de comprendre la dimension humaine, de nous sentir proches de ces personnes pour lesquelles l’histoire semble souvent amère. La réalité de la peur du feu ne peut, par exemple, que nous rendre humbles à l’égard du passé et surtout vis à vis de ceux qui nous ont précédés.
Mais Blanche de Laurac, Guillelme Maury, Pierre Authier, Guillaume Bélibaste, sont également présents dans ce livre dont le titre tendrait à faire croire à une limitation du champ étudié. Pour connaître la dimension humaine du catharisme, les travaux d’Anne Brenon sont très certainement les ressources les plus pertinentes. Les femmes cathares est, à mon avis, un ouvrage incontournable que cette réédition nous donne la chance de compléter notre bibliothèque aisément.

L’approche scientifique d’Anne Brenon est mesurable aux sources qu’elle mentionne, au répertoire des noms et lieux qui permet une approche transversale. Je ne le dirai jamais assez : associer une compétence scientifique à la dimension du coeur, est talent qui mérite d’être reconnu.
 
"En plein coeur du XIIe siècle, en pays occitan, toute une population médiévale d’hommes et de femmes tendait à récuser le modèle chrétien dominant". Cette phrase à elle seule me semble justifier l’intérêt que l’on peut porter au catharisme historique. Ne sommes-nous pas en droit, nous-mêmes, de nous positionner en opposition par rapport au modèle dominant de la consommation ?

(1) L’Eglise cathare était appelée par ses ressortissants la sainte Eglise (Sancta Gleisa) ou l’Eglise de Dieu (Gleisa de Dio).
2() L’auteur invite elle-même à lire l’ouvrage collectif dirigé par Jacques Le Goff, L’Homme médiéval, éditions du Seuil, 1989

Format

– 11 x 18cm
– 412 pages
– ISBN : 2-262-02269-0

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