Cathares
LE CATHARISME
Son apparition
Le catharisme apparaît dans la Chrétienté occidentale au milieu du XIIe siècle. Ce mouvement chrétien médiéval n’est pas étranger à la spiritualité dominante de son époque. Au contraire il réclame, à l’instar d’autres mouvements religieux contemporains un retour au modèle d’Église des premiers temps du christianisme. Le catharisme condamne l’Église romaine et sa hiérarchie au prétexte qu’ils ne respectent pas les idéaux du Christ. Les cathares se considèrent comme les seuls vrais disciples des apôtres, pratiquant comme eux la pauvreté absolue et travaillant de leurs mains pour vivre.
Des communautés dans toute l’Europe
Des communautés cathares d'”apôtres itinérants” sont attestées sous différents noms (cathares, piphles, publicains, tisserands, bougres, patarins, albigeois) dans les villes et les campagnes du nord de la Chrétienté médiévale occidentale : en Allemagne (zone d’Empire) et Italie, mais aussi dans les principautés du nord du Royaume de France (Flandre, Bourgogne, Champagne) et du Midi. Cependant le catharisme connaît l’accueil le plus favorable et l’implantation la plus durable dans le Midi de la France, ainsi que dans les villes du nord et du centre de l’Italie. Dans ces régions les “bons hommes” ou “bons chrétiens” ainsi que les cathares se désignaient eux-mêmes – seule l’Inquisition les appellera “parfaits”, s’organisent en communautés d’hommes ou de femmes dirigées par des anciens, des diacres et des évêques. Ces communautés sont constituées de plusieurs “maisons”. On y pratique souvent des métiers liés à l’artisanat local. Plusieurs communautés constituent une Eglise ou diocèse cathare, à la tête desquels se trouve l’évêque.
Des églises cathares
Au milieu du XIIe siècle (1167) les Eglises cathares sont au nombre de quatre : Albi, Toulouse, Carcassonne, Val d’Aran. Au XIIIe siècle, deux nouvelles églises se constituent : celles d’Agen et du Razès, celle du Val d’Aran n’est plus mentionnée. Ces églises sont indépendantes. Elles ne reconnaissent pas d’ autorité supérieure à leur évêque, comme celle du pape pour l’Eglise romaine. Le catharisme est pratiquement éradiqué par l’Eglise catholique dans les régions septentrionales de l’Europe au milieu du XIIIe siècle. Quelques îlots persistent pour peu de temps encore au début du XIVe siècle dans certaines zones du Midi de la France et de l’Italie.
La persécution du catharisme
Leur obstination, leur anticléricalisme intransigeant, leur opposition à la hiérarchie catholique – à laquelle ils reprochent sa richesse ostentatoire et ses abus de pouvoir, valent aux cathares de s’attirer les foudres de l’Eglise romaine. Ils sont condamnés comme hérétiques. Ainsi que beaucoup d’autres mouvements dissidents ou contestataires, les cathares deviennent l’objectif d’une lutte permanente. L’Eglise romaine tente de purifier la chrétienté occidentale en en excluant systématiquement tout individu ou groupe mettant en péril le projet de société chrétienne qu’elle instruit depuis le début du Xe siècle.
Les moyens de la lutte
L’Eglise catholique confie aux cisterciens, au XIIe siècle, puis, au XIIIe siècle, aux ordres mendiants (franciscains et dominicains) le soin de combattre ce danger supposé de la dissidence ou de l’hérésie. Les cathares sont difficiles à convaincre. La prédication ou le débat doctrinal instaurés à cette fin dans le Midi de la France par l’Eglise est un échec. Au contraire d’autres “hérétiques” comme les vaudois, les cathares se montrent irréconciliables, préférant presque toujours le martyre à l’abjuration.
La Croisade contre les Albigeois et l’Inquisition
Pour cette raison, le Pape Innocent III lance en 1209 contre les albigeois ou “cathares” la première croisade à se dérouler sur le territoire de la Chrétienté occidentale. La guerre durera vingt ans (1209-1229). La lutte armée se poursuit dans le Midi et ailleurs dans l’Occident chrétien tout au long du XIIIe siècle, relayée plus tard par l’institution de l’Inquisition, créée en 1233 pour traquer la “dépravation hérétique”.
La doctrine cathare
Pour Rome, les cathares sont pires que les infidèles (juifs et musulmans) car, tout en étant chrétiens, ils interprètent différemment certaines croyances et contestent la doctrine des sept sacrements que les théologiens catholiques ont fixée dès le début du XIIe siècle. Les cathares poussent à l’extrême le sens du message des Ecritures qui formule la croyance dans l’existence de deux mondes, l’un bon et l’autre mauvais. Le premier, le monde invisible aux créatures éternelles, est l’oeuvre de Dieu le Père ; le second, visible et corruptible, est l’oeuvre du diable. Désirant exempter Dieu du mal expérimenté dans le monde matériel, les cathares échafaudent leur propre système de croyances, variable selon les périodes et les aires culturelles d’implantation. Il est tout de même possible de tenter la description générale de ces croyances. Dieu a créé uniquement le monde invisible et éternel ainsi que les créatures qui le peuplent : les anges. Parmi eux, l’un pèche par orgueil en se révoltant contre le Père afin d’égaler sa puissance : c’est le diable. Cet ange déchu est expulsé du ciel avec d’autres, pécheurs comme lui ou entraînés par lui dans sa chute. Introduits dans des corps charnels fabriqués par le diable, ces anges deviennent les âmes des hommes et des femmes. Le Christ, fils de Dieu, vient révéler leur origine céleste et montre le moyen de retourner au ciel. Le Christ est donc uniquement l’envoyé du Père venu porter le message du salut aux hommes, il n’est pas, comme pour les catholiques, le rédempteur du péché. Il n’a pas souffert la Passion, il n’est pas mort sur la Croix car il n’avait un corps de chair qu’en apparence.
Sacrements et rites cathares
Le sacrement du consolamentum (consolation) ou baptême d’imposition des mains pratiqué par le Christ est le seul à apporter le salut. Ce sacrement joue un rôle fondamental dans les communautés cathares car il est à la fois sacrement d’ordination (il fait d’un croyant cathare un “parfait”), de pénitence, d’eucharistie et d’extrême-onction (appelé “consolamentum” des mourants). Le consolamentum est conféré par un membre de la hiérarchie et exige de celui qui le reçoit le respect de la Règle (pratique de l’ascèse, abstinence de toute nourriture carnée) ainsi que la pratique de la morale évangélique (interdiction de jurer, de mentir, de tuer).
Les cathares considèrent comme inefficace le baptême d’eau que les prêtres catholiques confèrent aux nouveaux nés, incapables selon eux de comprendre l’engagement qu’est le baptême pour celui que le reçoit. Ils contestent le sacrement de l’eucharistie, refusant de croire dans la transformation des espèces (transubstantiation), c’est-à-dire du pain et du vin devenant le corps et le sang du Christ lors de la consécration de celles-ci par le prêtre lors de la messe. En mémoire de la dernière Cène du Christ avec ses apôtres, les cathares bénissent le pain lors du repas quotidien pris avec leurs fidèles. Ils contestent aussi le sacrement du mariage, celui-ci légitimant à leurs yeux l’union charnelle de l’homme et de la femme, union à l’origine du péché du premier couple selon leur interprétation de la Genèse.
Les cathares adoptent le modèle de vie, les rites et les sacrements des premières communautés chrétiennes (leur unique prière est le Notre Père) s’appuyant principalement sur les enseignements du Nouveau Testament. Pour toutes ces raisons, ils considèrent que la médiation des saints, le culte des reliques et des morts (offrandes et messes pour les défunts), et toutes les pratiques instaurées par l’Eglise romaine tout au long du Haut Moyen Age, sont sans effets. De la même manière, ils n’attachent pas d’importance aux églises bâties qui ne sont pas pour eux les seuls lieux du culte car, pour les cathares, la parole du Christ peut être enseignée partout où se réunissent les fidèles.
Pilar Jiménez Sanchez
Directrice scientifique du Centre d’Études Cathares
Directrice de rédaction de la revue Heresis
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