Yamabushi
Les Yamabushi (山伏), littéralement “ceux qui se prosternent dans les montagnes”, sont des ascètes japonais pratiquant le Shugendō, une religion syncrétique mêlant bouddhisme ésotérique, shintoïsme et taoïsme. Ces ermites spirituels, dont les origines remontent au VIIIᵉ siècle, cherchent à atteindre l’illumination et des pouvoirs spirituels en s’immergeant dans la nature et en pratiquant des exercices ascétiques rigoureux.
Les Yamabushi considèrent les montagnes comme des lieux sacrés où résident les divinités (kami). Ils entreprennent des retraites austères dans ces environnements naturels, combinant méditation, marches épuisantes, prières et rituels. Parmi leurs pratiques les plus célèbres figurent :
-
La méditation sous des cascades glacées (takigyō),
-
Les longues marches sur des sentiers escarpés,
-
Le passage sur des braises ardentes,
-
Des cérémonies de purification par le feu (goma).
Ces épreuves visent à purifier le corps et l’esprit, à transcender les limites humaines et à se reconnecter à la nature. Les Yamabushi croient que la souffrance physique permet de se libérer de l’ego et d’accéder à une renaissance spirituelle.
Le Shugendō, la voie spirituelle des Yamabushi, est né d’une fusion entre le bouddhisme tantrique (notamment Shingon et Tendai), le culte shintoïste des montagnes et des pratiques chamaniques. Les Yamabushi étaient initialement des ermites solitaires (hijiri), mais ils se sont organisés en communautés autour de montagnes sacrées comme le Dewa Sanzan (les Trois Montagnes de Dewa) ou le mont Kumano.
Durant l’ère Meiji (1868-1912), le Shugendō fut interdit dans le cadre de la séparation du shintoïsme et du bouddhisme. Malgré ces restrictions, les Yamabushi ont continué leurs pratiques en secret ou sous d’autres formes, permettant à leur tradition de survivre jusqu’à aujourd’hui.
Historiquement, les Yamabushi ont joué un rôle important dans la vie religieuse japonaise. Ils servaient de guides pour les pèlerinages vers les montagnes sacrées, exécutaient des rituels d’exorcisme ou de guérison, et agissaient comme médiateurs entre les divinités et les croyants lors de cérémonies. Ils étaient également respectés pour leur sagesse spirituelle et leur capacité à interpréter les signes divins.
Aujourd’hui, bien que leur nombre ait diminué, les Yamabushi continuent d’attirer ceux en quête de développement personnel ou spirituel. Des retraites modernes permettent aux participants de vivre une version adaptée de leurs pratiques, comme marcher en silence dans la nature ou méditer sous des cascades.
Les Yamabushi incarnent une philosophie intemporelle : celle d’une connexion profonde avec la nature pour transcender les limites humaines et trouver un équilibre entre soi-même, l’univers et le sacré.